Les représentations du Saint-Sépulcre
Elisabeth Ruchaud
L’analyse du phénomène des copies ou plutôt des ‚ représentations ‚ du Saint-Sépulcre en Occident à l‘époque carolingienne et romane apportent nombre d’informations sur la pensée exégétique du 12e siècle. Après avoir déterminé l‘importance du monument hiérosolymitain dans la pensée chrétienne depuis les récits évangéliques, l‘image du Saint-Sépulcre, relique de la Résurrection témoignant de la réalisation des promesses messianiques, connaît diverses traductions aussi bien visuelles qu‘intellectuelles. Il s‘agit ici d‘analyser les diverses manifestations du monument hiérosolymitain dans l‘ensemble de ces composantes et d‘en étudier le rôle et la place au sein d‘un discours théologique en évolution et en construction constante. Tout d‘abord la liturgie, réactualisation permanente de la vie du Christ, place l‘Anastasis au centre des fêtes pascales, dans un premier temps à Jérusalem puis en Occident. Sont aussi pris en considération les arts graphiques (enluminure, sculpture sur ivoire.) où l‘emploi de formes architecturées issues du Saint-Sépulcre pour figurer la Résurrection tend aussi à exprimer le contenu symbolique du monument. Enfin la représentation passe aussi par des variations architecturales du modèle original du Saint-Sépulcre visant à le rendre véritablement présent en tout lieu et tout espace. Ces diverses constructions sanctionnant un retour de pèlerinage ou à connotation funéraire, manifestent une dévotion directe ou indirecte à la relique de la Résurrection et témoignent d‘une croyance dans le Salut. L‘ensemble de ces représentations traduit une relation spécifique non seulement à Jérusalem mais aussi à la réflexion théologique entourant la question de la Résurrection.